Par Koen Van Kelecom/Florence Cols

« Rédigez des phrases courtes ».  
C’est l’un des conseils que vous recevrez si vous voulez écrire en langage clair.  

Mais qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Existerait-il un maximum pour la longueur des phrases ? 

Règles de base 

Écrire des phrases courtes n’est pas un but en soi.  
Il faut surtout écrire des phrases simples et compréhensibles. Or, les phrases longues sont très souvent des phrases complexes et difficiles à comprendre.  

Il n’y a pas non plus de règle stricte sur le nombre de mots que doit contenir une phrase en langage clair. 

Mais il existe quelques repères : 

• Visez en moyenne 15 à 20 mots par phrase. 

• Variez la longueur de vos phrases. 

• Limitez-vous à 1 idée par phrase. 

1 idée par phrase

Si vous arrivez à garder 1 seule idée par phrase, c’est déjà un énorme progrès. 
Car les phrases juridiques contiennent très souvent plusieurs idées : le principe, les exceptions, les conditions, etc. 

Mais comment savoir si vous avez mis plus d’1 idée dans votre phrase ? 

Par exemple, dans cette phrase :  

L’employeur – s’il souhaite sanctionner et/ou licencier le travailleur – devra respecter la procédure détaillée ci-dessus (mises en demeure et tentatives de contacter le travailleur) ; à défaut, la rupture du contrat de travail risque d’être invalidée par les juridictions du travail. 

1 phrase, 43 mots

Dans la même phrase, il y a la règle et la conséquence du non-respect de la règle. 
Il y a aussi beaucoup de détails qui coupent la phrase. 

On peut mettre de l’ordre dans tout ça : 

S’il veut sanctionner et/ou licencier le travailleur, l’employeur doit respecter la procédure détaillée ci-dessus. 
Il doit envoyer une mise en demeure et tenter de contacter le travailleur. 
S’il ne le fait pas, la rupture du contrat de travail risque d’être invalidée par les juridictions du travail.

3 phrases, 18 mots, 13 mots et 21 mots

Souvent, ce sont les références légales qui rallongent beaucoup la phrase. 

Par exemple :  

Selon l’article 76 de l’Arrêté du Gouvernement wallon du 6 décembre 2018 relatif à la gestion et l’assainissement des sols, vous disposez d’un délai de 30 jours à dater de la réception du présent avis, pour faire valoir à l’administration vos observations sur cette intention de désignation, par lettre recommandée avec accusé de réception. 

31 phrase, 59 mots

Si on place la référence légale dans une phrase à part, c’est beaucoup plus clair :  

Vous avez 30 jours à partir de la réception de cet avis, pour envoyer vos observations sur cette intention de désignation. 
Envoyez-les par courrier recommandé avec accusé de réception. 
 
(article 76 de l’Arrêté du Gouvernement wallon du 6 décembre 2018 relatif à la gestion et l’assainissement des sols) 

3 phrases, 21 mots, 9 mots et 20 mots 

Le long titre de l’arrêté rend la phrase difficile à traiter. C’est donc très important de placer les références légales à part. Par exemple, dans une note de bas de page ou dans un cadre. 

Couper les phrases, et puis les relier ! 

Où couper une longue phrase ?

Il y a plusieurs indicateurs, notamment :  

• des parenthèses ou des tirets ;  

• un point-virgule (« ; ») ; 

• « d’une part… d’autre part » ; 

• des subordonnées relatives, commençant par dont, pour lequel, par laquelle, etc. ; 

• un participe présent ; 

• des conjonctions : mais, pendant que, parce que, et, etc. 

Mais attention à garder un lien entre les phrases, pour créer un enchainement logique. 
Cela rend la lecture plus fluide. 

Utilisez pour cela les connecteurs logiques, par exemple :  

• mais, par contre ; 

• en plus ; 

• d’abord, ensuite, enfin ; 

• en effet ; 

• etc. 

Cela rallonge peut-être un peu les phrases, mais c’est plus facile à lire et à comprendre. 

Encore une fois : écrire des phrases courtes n’est pas un but en soi. Il faut surtout les rendre claires et compréhensibles. 

Supprimer les constructions « en tenaille » 

Ce sont des phrases dans lesquelles des mots qui doivent aller ensemble sont éloignés les uns des autres. Ils sont séparés par une phrase placée entre eux.  

Cela peut donner un style intéressant, si vous voulez écrire de manière créative, comme dans un blog, une nouvelle ou un article.  

Mais dans les textes informatifs, vous devez éliminer ces constructions, car elles compliquent inutilement votre texte. 

Vos phrases seront plus lisibles sans ces complications de style. 

Dans cet exemple, les 2 parties du verbe sont séparées par une « phrase dans la phrase » :  

L’instance a, sans en informer le directeur général, utilisé le détachement. 

1 phrase, 12 mots 

La partie « sans en informer le directeur général » est prise en tenaille entre les 2 parties du verbe. 

Sans la construction en tenaille, cela donne :  

L’instance a utilisé le détachement, sans en informer le directeur général. 

1 phrase, 12 mots 

Ou

L’instance a utilisé le détachement. Elle l’a fait sans en informer le directeur général. 

2 phrases, 6 mots et 10 mots. 

Un dernier astuce : respirer 

Nous vous avons montré quelques indicateurs linguistiques pour détecter les phrases trop longues. Mais il existe aussi une astuce plus amusante : lisez la phrase à voix haute.  

Si vous êtes obligé de vous arrêter au milieu de la phrase pour respirer, c’est qu’elle est trop longue. Coupez-la, respirez et réessayez.